L'arrivée de l'Arme X n°2 [La gare de New York]

Invité

« La fille yeux aux couleur menthe à l'eau, Hollywood est dans sa tête, Tout'seule elle répète, Son entrée dans un studio, Décor couleur menthe à l'eau, Perdue dans sa megalo, Moi je suis de trop
Mais un type est entré, Et le charme est tombé, Arrêtant le flipper, Ses yeux noirs ont lancé, De l'agressivité, Sur le pauvre juke-box, La fille aux yeux couleur menthe à l'eau, A rangé sa megalo, Et s'est soumise aux yeux noirs, Couleur de trottoir, Et moi je n'en pouvais plus, Elle n'en a jamais rien su, Ma plus jolie des mytho, Couleur menthe à l'eau…. »

La voix d’Eddy Mitchell laissa place à celle douce et enjouée d’une jeune femme au haut parleur:

« Mesdames et messieurs les passagers, nous allons arriver dans quelques minutes à la gare de New York. Tout l’équipe et moi-même espérons que vous avez fait un agréable voyage et nous vous souhaitons un agréable séjour dans la ville ! »

Cette voix fit sortir Suki Howlett du demi sommeil dans lequel elle était plongée depuis son départ. La jeune femme ouvrit les yeux, elle regarda autour d’elle, à sa droite se trouvait une valise bleu ciel, à gauche, un grand sac de voyage noir. Deux… Trois… Quatre heures… Suki ignorait combien de temps elle avait passé ici à sommeiller dans ce compartiment à bagages situé entre deux wagons du train grâce auquel la jeune femme avait traversé l’Amérique. Elle était parti hier ou peut être avant-hier, la jeune femme ayant perdu toute notion du temps, elle avait quitté le Canada pour San Francisco ou pour Los Angeles, Suki ne se souvenait plus de l’endroit précis où elle avait prit ce train qui l’avait emmenée par delà la nuit jusqu’à Chicago. Puis de là, elle avait trouvé un autre train pour se rendre à New York.

Mais en fait, pourquoi la jeune femme voulait se rendre à New York ? Cette ville se trouvait bien éloignée de sa région du Canada où elle avait grandie. Tous ces souvenirs étaient encore confus dans l’esprit de Suki. Elle se souvenait assez bien de son enfance puis de ses études mais après c’était comme si on avait coupé une partie d’un film. La dernière image qui était imprimée dans sa tête était celle d’une pièce sombre, froide et humide dans laquelle Suki s’était réveillée en sous-vêtements. Puis après tout était flou, elle avait retrouvé ses vêtements dans la pénombre, elle avait quitté ce endroit si étrange et remplit de mystère puis avait du se rendre à la gare où elle avait prit le train…

Suki bougea légèrement, ses muscles étaient tous engourdis à cause du voyage. Cette position, assise entre deux valises n’était pas très confortable mais épuisée, la jeune femme avait réussit à s’y reposer durant les heures qu’avait duré le voyage. Mais ses mains la faisaient particulièrement souffrir, elle poussa un gémissement en bougeant ses doigts endoloris. De fins bandages blancs recouvraient les mains et les poignets de la jeune femme. Malgré la douleur, elle se glissa hors du compartiment à bagage. Elle récupéra son sac à dos kaki qui ne l’avait pas quitté du voyage puis elle fit quelques pas incertains dans le couloir. Le train était entré en gare, les portes venaient de s’ouvrir. Suki jeta un coup d’œil dans le wagon le plus proche, un contrôleur était en train de tamponner les billets d’un couple dont les enfants semblaient être pressés de descendre. La jeune femme n’ayant pas de billet ne s’attarda pas ici, elle descendit par la première porte.

La chaleur de la ville la frappa au visage. Il neigeait quand elle avait quitté la base au Canada et ici il faisait près de 30 degrés. La jeune femme resta immobile sur le quai durant quelques secondes. Son visage était à moitié caché par la capuche de sa veste noire, elle ouvrit la fermeture éclaire qu’elle avait montée jusqu’à son cou pour se protéger de la neige qui tombait à gros flocons là-bas, au Canada. On pouvait maintenant entre voir le petit tee-shirt jaune pâle que portait la jeune femme. Elle avait aussi un jean légèrement troué et des bottes noires. Ses vêtements de marque témoignaient de son appartenance à une famille aisée mais ils avaient été un peu abîmés à cause du voyage.

Suki enleva la capuche qui cachait son visage, ses yeux bleus étaient encore pétillants malgré la fatigue du voyage. Mais le pouvoir de régénération de Suki lui permettait de ne pas trop ressentir cette fatigue. Les traits de son visage montraient nettement qu’elle n’avait pas mangé depuis de nombreux jours. Elle garda ses mains dans ses poches pour ne pas montrer ses pansements.

Elle traversa la gare, son sac sur le dos. Personne ne fit attention à elle, même en cette fin d’après midi la gare grouillait de monde. Ici, une famille attendait son train, là, un coupe en train de regarder les horaires, et encore là, les retrouvailles entre des amis, tout le monde menait sa vie parallèlement aux autres.
Mais un homme visiblement très pressé heurta la jeune X2, elle perdit l’équilibre et se retrouva sur le sol. Elle avait pu se retenir avec ses mains et se trouvait maintenant à genoux au milieu de la gare. Elle tourna la tête, l’homme qui l’avait bousculé était déjà partit. Ses mains la faisaient horriblement souffrir, des larmes lui montaient aux yeux.

« Ça va mademoiselle ? »

Suki releva la tête, devant elle se tenait un jeune homme brun d’une vingtaine d’année, il avait de beaux jeux clairs et était habillée en jean basquets.

« Je vais vous aider, donnez moi votre main ! »

Reprit-il.

Suki n’avait pas trop envie de dévoiler ses bandages mais elle se laissa aider par ce charmant jeune homme.

« Qu’est-ce que vous avez à la main ? »

Demanda-il un peu trop curieux au goût de Suki.

« Ça... oh, ce n’est rien… Merci de m’avoir aidé en tout cas… »

« De rien ! C’était un plaisir de vous rencontrer ! Mais je dois y aller maintenant ! Bonne soirée ! »

Le jeune homme adressa un grand sourire à Suki avant de tourner les talons, il se dirigea vers l’écran où étaient affichés les horaires de trains.

« Bonne soirée à vous aussi… »

Répondit poliment Suki avant de suivre les panneaux qui indiquaient la sortie de la gare.

La jeune femme sortit, il faisait encore chaud en cette fin d’après midi. Le soleil commençait à descendre vers l’horizon, le ciel dégagé de tout nuage prenait de belles teintes jaunes orangées.
Mais d’un coup, la jeune femme fut prise d’un violent mal de tête. Elle porta une main tremblante à son front avant de s’asseoir sur le banc de bois le plus proche…
Tout était flou autour d'elle... Les jambes serrées contre la poitrine, elle se recroquevilla sur elle-même attendant que la douleur s’en aille…